Dessins animés

Robert Lapoujade a réalisé entre 1959 et 1976, 10 courts métrages, majoritairement dans le cadre du Service de la Recherche (de l’ORTF) dirigé par Pierre Schaeffer.

L’arrivée de la deuxième chaine en 1964 avec une émission appelée ‘Banc d’essai’ offrit des débouchés aux œuvres de ces chercheurs qui tentaient d’expérimenter aux marges du cinéma et de la télévision et a permis au public de découvrir leurs œuvres.
Robert Lapoujade a développé deux formes de réalisation : un travail au banc titre réalisé image par image en utilisant différents matériaux, dessins, poudre, photos… sur des supports variés, et un travail en utilisant des marionnettes qu’il a lui- même fabriquées.

‘Le cinéma, c’est la reconversion du peintre… capter le mouvement pour retrouver les possibilités d’expressivité…d’autant plus lorsqu’il s’agit de sculpter des choses inertes, de renouer grâce au cinéma avec l’idée d’art complet’ Robert Lapoujade

ENQUETE SUR UN CORPS  (1959)   16mm, noir et blanc. Durée 15mn.
Technique : Prises de vues réelles
Sujet : Un corps de femme caressé et exploré par une caméra

FOULES (1960) durée 12 mn
Approche symbolique et abstraite. A partir du thème des foules, R. Lapoujade a cherché à mobiliser selon l’expression de Sartre ‘la matière mouvante rigoureusement unie au sein de la dispersion, l’unification explosive des foules’. L’utilisation de poudres animées et de photographies réalistes ‘rend sensible l’aventure innombrable et multiple de l’homme et nous met en face de ses réactions, en groupe et de la trame qu’elles forment dans cette ‘unité des foules’. La musique, avec ses rythmes primitifs soutenus par des documents sonores modernes donne une vision hallucinante de la force sauvage des foules.
Produit par le Service de la Recherche de l’ORTF

‘Cette œuvre témoigne notamment des prises de position politiques de l’artiste et de son hostilité à l’égard de la guerre d’Algérie…
Le film tresse, autour d’un mouvement-vertige, des séquences d’animation de matières (poudres et grains de poivre), des notes graphiques et picturales, des images témoins ou relais et des pièces sonores. Délaissant le montage de plans et sa fonction qui consiste à « coaguler en histoire » (comme le disait si bien Lapoujade), il quête l’émergence d’un sens nouveau, d’une autre réalité à laquelle concourent les unités-fragments, appelées ici « récits de matière », « récits plastiques », « récits d’image » ou encore « récits sonores », tous organisés autour d’une narration démultipliée.’ Patrick Barrès, Professeur à l’Université Toulouse Jean-Jaurès

NOIR ET BLANC (1961) durée 8mn
Prix spécial de la semaine internationale du film, Évreux
Jeux d’oppositions noir et blanc qui composent et décomposent des formes et des visages en perpétuels mouvements. Les dialogues entre le son et l’image éclairent le sens du propos.
‘Le son et l’image sont à mon avis parallèles et conjoints… il y a une bande son entièrement érotique… tellement érotique que tout le film en est éclairé, alors que les images, elles sont innocentes.’ R. Lapoujade
Production : ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française)

PRISON (1962 ) durée 12mn
Prix Antonin Artaud

« Il s’agit d’un homme en prison. Cet homme se rappelle son passé, à moins qu’il ne l’invente. La rugosité du mur de la cellule est sa réalité, que son imagination morcelle. Une vie brisée, décrite à l’aide de matériaux cassés en mille miettes. Musique de Luc Perrini …

 

TROIS PORTRAITS D’UN OISEAU QUI N’EXISTE PAS (1963 ) durée 7mn
Prix Émile Cohl 1963

Réalisé à partir d’un poème de Claude Aveline « Portrait de l’oiseau qui n’existe pas », (oiseau carnassier, oiseau mouche, oiseau chanteur). R.Lapoujade orchestre la synthèse de ces deux moyens d’expression en faisant se mouvoir grâce à la technique d’animation de poudres et de matériaux divers, une peinture en éternel changement.

La musique de François Bayle, constituée de bruits épars et de coassements surréalistes, donne à entendre un monde sonore imaginaire qui s’accorde par synchronisme aléatoire à la beauté plastique des images, de peintures animées mi- figuratives, mi- abstraites. Avec ce foisonnement de formes, de mouvements et de couleurs, Lapoujade inventait la peinture animée.

Production : Roger Leenhardt, Office national de radiodiffusion télévision française

Lien INA : voir la vidéo

CATAPHOTE  (1964)   durée 10 mn
Suite libre autour d’Eugène Ionesco. Une tentative pour décrire l’univers mental d’un réfugié, à partir d’images incohérentes et obsessionnelles qui la rejoignent dans cette incapacité à aller jusqu’au bout.

Produit par le Service de la Recherche de l’ORTF

VELODRAME (1963)   durée 11mn
Appliquant une technique d’animation image par image, Vélodrame met en scène un petit personnage, Erde qui a la faculté d’entendre des voix, surtout des messages publicitaires. Notre personnage, allergique à ce flux publicitaire incessant, tente de les fuir, à bicyclette. Lapoujade utilise le collage d’éléments divers : gravures, dessins, textes, pages de journaux… La musique de E. Canton semble prendre modèle sur l’image pour offrir un collage hétéroclite, une panoplie de bruitages insolites pour accompagner la fuite du personnage, imprimant le caractère d’une mécanique déréglée et déglinguée qui vient renforcer l’aspect onirique de Vélodrame.  Produit par le Service de la Recherche de l’ORTF

« Mais le plus remarquable du film est le personnage, véritable créature protéiforme, dont la technique de fabrication et la mise en mouvement  répondent à cet aphorisme de Michaux : « Un grain de sable s’en va et c’est toute la plage qui s’effondre ». L’art du dessin animé commence souvent au personnage : celui de Vélodrame est un des plus riche qu’il nous ait été donné de voir »
R. Bellourd, Cinéma 63, juillet 63
« …Mais l’intérêt au-delà de l’humour de l’histoire se concentre sur l’extraordinaire emploi des couleurs et des formes en mouvement, indices d’une rare sensibilité picturale et cinématographique. »
G .Rondolino, Stampa Sera, Italie, juin 1963
« … les contours sans cesse changeants expriment sans peine une légèreté aérienne ».
G. Menthen, Rheinische Post (RFA), juin 1963

Lien INA : voir la video

BIDULANT – BIDULANT. 1965-1966

‘Ce film a eu beaucoup de succès lors de sa projection. C’était un film d’ animation… Je projetais ce film sur des sortes d’écrans qui tournaient doucement. Il y avait entre autre des rideaux en roseaux, peints en blanc, des sphères partagées au centre par un fond noir. Ces sphères tournaient, des assistants les manipulaient sous mes ordres.

A l’endroit où il y avait le noir, l’image disparaissait, en revanche, sur la sphère, on avait un effet de projection étonnant. Il y avait un vieux tapis brosse… bref, toute une série de choses sur la scène pendant la projection, avec dans certaines séquences des moments qui étaient de la couleur pure et au milieu de cela une fille faisant un strip-tease sur scène, avec des dessous blancs.

Je me souviens très bien qu’après cela, mon obsession était de trouver un écran qui ne soit pas un drap de lit. Je trouvais anormal que d’un côté la technique soit très sophistiquée et compliquée et en voir le résultat sur un simple drap de toile. Je voulais fabriquer une sorte d’écran très épais qui donne des reliefs, qui insiste sur les modulations de l’image.

On ne m’a pas suivi sur le plan financier bien que je ne demandais pas beaucoup d’argent. Ce film, je ne sais pas ce qu’il est devenu.’

 

L’OMBRE DE LA POMME (1967)  durée 8mn 
Animé image par image accompagné d’une improvisation à la trompette, le film peint sous nos yeux la portée symbolique de la pomme comme une allégorie des corps capables de s’aimer ou de se détruire.
Présenté au Festival de New York, la même année.
Produit par le Centre Européen de la Radio et de la Télévision (C.E.R.T.)

MISE A NU  (1968)   durée 8mn
Les trois premières séries: femme brune, femme blonde, momie égyptienne sont des dessins aux couleurs franches. La dernière, est une animation d’une peinture à l’huile représentant des corps féminins.
Production : Roger Leenhardt, ORTF

‘ C’est un film qui dérive directement des recherches que j’avais faites sur la surimpression, d’’Enquête sur un corps’. Ces effets particuliers, j’ai tenté de les faire à la gouache, en animation, des recherches de rupture d’animation… Ce ne sont que des strip-teases successifs. La bande son, c’est l’enregistrement d’une chanson ‘gauloise ‘ de Roger Leenhard’

Regarder la vidéo : Lien Vimeo

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